Les relations Etat-Eglise du 18e au 20e siècle
Révolution française
Refusant de prêter serment à la constitution civile du clergé, l'abbé Lechevrel du Pré-d'Auge entre dans la clandestinité...
De la Révolution à 1905, des rapports conflictuels entre Etat et Eglise. Tension bien réelle lors de l'inventaire des biens de l'église du Pré-d'Auge.
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Révolution française
Refusant de prêter serment à la constitution civile du clergé, l'abbé Lechevrel du Pré-d'Auge entre dans la clandestinité...
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PASSION CERAMIQUE
Grand spécialiste de l'histoire de Lisieux (Calvados) et auteur de nombreux travaux sur le patrimoine local, Claude Lemaître, décédé en janvier 2018, était aussi passionné par la céramique du Pré-d'Auge.
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En 2016, Claude et Michèle Lemaître, se séparaient de leur collection de céramiques. Dans le catalogue, de la vente, Claude Lemaître avait écrit la préface suivante
Passionné d’archéologie française, j’ai été d’instinct attiré par la production de la céramique domestique des ateliers de la région de Lisieux connus sous le vocable
« Poteries du Pré-d’Auge ».
Pourquoi le Pré-d’Auge ?
Traditionnellement les passionnés de céramique populaire ont attribué l’appellation « Pré-d’Auge » à des pièces de glaçure la plus généralement verte sans qu’a priori ils n’aient possédé la connaissance permettant d’attribuer avec certitude la localisation des lieux de production.
Cependant, le rôle des vingtièmes (1) de 1777 fait ressortir dans une note d’introduction que « les habitants (de prédauge) n’ont d’autres occupations que celles de labourer les terres, d’élever quelques bestiaux et de travailler à la plus grande partie à faire des pots de terre qu’ils vendent par Lizieux, Pont l’Evêque, Honfleur et Le Havre, ainsi qu’aux paroisses voisines ».
Bien qu’à cette époque il n’y avait pas de manufacture au sens littéral du terme, la paroisse du Pré-d’Auge était l’épicentre d’un groupe très important de potiers ainsi que les paroisses voisines de Manerbe, St Ouen le Pin et plus tardivement St Désir de Lisieux.
Outre les céramiques domestiques, il faut signaler la présence importante de briquetiers et tuiliers au sein de ces mêmes familles.
Toute cette production potière, naguère très présente en milieu augeron, ne doit pas occulter un aspect particulier comprenant de la céramique de luxe et des productions architecturales dont les éléments les plus significatifs sont représentés par les épis de faîtage destinés à couronner les toitures des manoirs augerons, sans oublier la réalisation de pavages polychromes connus sous le nom de « pavés Joachim ou pavés de Lisieux » dont la renommée atteint les édifices royaux comme Versailles et le château de Marly au XVIIème siècle.
Avec cette production, nous sommes en présence d’un véritable atelier entre les mains de la famille Vattier qui produisit en outre une céramique de luxe trop longtemps confondue avec les productions du célèbre Bernard Palissy
Bouteille et gourdes lenticulaires
Le dragon constituait l'élément terminal d'un épi de faîtage.
Pré d'Auge, Epoque Henri IV
Avant de revenir à la production la plus courante liée aux besoins domestiques et aux activités rurales (laiterie, travaux des champs, etc), notons les courants artistiques qui relièrent le Pré- d’Auge à la production d’Avon-Fontainebleau tel qu’on le ressent à la lecture de l’inventaire après décès de la boutique de Claude Berthelemy en 1620 et que le confirme le rapprochement de l’élément terminal de l’épi de faîtage « Dragon » (lot 249) du château du Plessis Bouquelon dans l’Eure avec les aiguières de Francesco Bordoni (1580-1654) en 1603 à la demande d’Henri IV destinées à orner le bassin dit « du Tibre » au château de Fontainebleau, dont un exemplaire est conservé au Musée du Louvre.
Depuis l’important travail d’Isabelle Perrin sur la production de Bernard Palissy, il est enfin possible de réintroduire dans les productions du Pré-d’Auge une céramique de luxe indument attribuée, par esprit mercantilisme, à notre célèbre potier par les brocanteurs du XIXème siècle.
La céramique à usage domestique répondit à tous les besoins exprimés par les habitants tant sur le plan de l’alimentation (cuire, manger, boire, conserver) que sur celui de l’hygiène, du confort et des soins, sans oublier les activités quotidiennes (l’entretien du linge, le rangement, l’éclairage, l’écriture, le jardinage et les activités paysannes).
Ces poteries d’usage courant pourraient paraître banales si ce n’est que d’une façon innée les potiers leur donnèrent un esthétisme certain, voire une résonnance exceptionnelle complétée par des glaçures aux couleurs éclatantes vertes, jaunes, ocres qui retiennent l’attention de l’amateur d’art populaire.
On ne peut ignorer parmi cette céramique des pièces exceptionnelles où s’exprime l’intelligence des potiers qui nous laissent des témoignages de leur incontestable talent que vous découvrirez dans cette collection.
Je ne peux conclure cette introduction que par le rappel des célèbres vers de Lamartine :
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »
C’est le cas des poteries du Pré-d’Auge, dont nous nous séparons aujourd’hui et qui ont charmé notre vie.
Claude LEMAITRE
Vice-Président de la Société Historique de Lisieux
Chevalier des Arts et des Lettres