Les céamiques du Pré d'Auge par E. Deville
Dernière mise à jour : 17 avr. 2020
LA CÉRAMIQUE DU PAYS D’AUGE PAR ÉTIENNE DEVILLE CONSERVATEUR DU MUSÉE DE LISIEUX I. — Les origines. L’art céramique date des anciens jours. Il occupe toutes les sociétés naissantes et tous les peuples à qui l’histoire assigne un rang. L’argile qu’on trouve partout en abondance, et qui est d’une manipulation si facile, fut, sans aucun doute, la matière primitivement employée par les hommes à la confection des meubles et ustensiles les plus indispensables. Humide, elle s’étend, se plie et s’arrondit sous sa main ; nulle matière n’est plus docile. L’art de la façonner est très simple à son début. On pouvait travailler à la main un carreau, une cuvette, des vaisseaux de tout genre. Plus tard, on songea à donner aux surfaces la régularité et le poli. Le tour et le moulage intervinrent puis, on fit appel aux autres arts pour arriver à cette perfection que l’on constate, au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire. Ceux qui savaient fondre et traiter les métaux avaient trouvé le moyen de préparer l’argile crue et de la durcir par le feu. Chez tous les peuples de l’antiquité, on rencontre des ouvrages de terre cuite. Numa avait réuni les potiers de terre en un collège, et il y avait à Athènes un quartier qui devait son nom aux professions qu’alimente et occupe l’art céramique. La perfection des vases et ustensiles a dû, dans tous les temps, dépendre beaucoup de la qualité des matières propres à leur fabrication. Ces matières, ou ces terres, ont pour base l’alumine et la silice. Il y a des variétés infinies entre l’argile figuline, fine ou colorée, qui sert à la fabrication de la faïence grossière et l’argile blanche ou kaolin, provenant de la décomposition des roches feldspathiques. L’on a pu, dans ces lieux où abondait la plus pure argile, franchir aisément tous les degrés qui séparent l’invention du perfectionnement. Les historiens de la céramique ont essayé de généraliser et de ramener à des types conventionnels l’immense production que nous constatons aujourd’hui. On peut, sans crainte d’être démenti, affirmer que le nombre des ateliers était beaucoup plus grand que ceux énumérés au cours des ouvrages que nous possédons sur ce sujet. Beaucoup même ont eu une importance capitale dans l’histoire et le développement de l’art de terre, sans occuper cependant la place à laquelle ils pouvaient prétendre dans les fastes historiques de l’art céramique. L’industrie potière a été, de tout temps, florissante en basse Normandie et particulièrement dans le Calvados. Parmi les ateliers artistiques ou industriels qui, à différentes époques, ont couvert le pays de leurs productions, il n’en est pas de plus intéressant à étudier que ceux de Manerbe et du Pré-d’Auge, deux communes situées à six et sept kilomètres de Lisieux. L’origine de cette industrie locale est encore entourée de ténèbres mystérieuses ; toutefois, Déchelette, dans son remarquable travail sur Les vases céramiques de la Gaule romaine, reconnaît que l’importance des gisements de terre à potier aux environs de Lisieux et la grande quantité de pièces, rend des plus vraisemblables l’existence d’un atelier céramique chez les Lexovii. En effet, les découvertes faites à Lisieux, au Grand-Jardin, par Delaporte, en 1861 et années suivantes, mirent au jour un riche butin archéologique : plus de 800 vases intacts, 2.000 brisés, ollas, cruchons à un ou deux anses en terre du pays ; un nombre considérable de statuettes de terre-cuite : déesses mères, Vénus anadyomène ; des animaux : sangliers, chiens, lièvres, coqs, canards et autres oiseaux ; enfin, des lampes. La collection Delaporte est aujourd’hui partiellement conservée aux musées de Caen, de Lille et de Lisieux. Cette grande quantité d’anciens produits céramiques se trouve dans cette couche du sol où le temps, les invasions de barbares et les bouleversements ont englouti les débris des siècles passés. La Normandie renferme de curieux vestiges des anciens arts de terre. La période gallo-romaine revit dans ces fragiles monuments : vases coniques, sphériques, cylindriques ou à panses renflées, assiettes à fond plat, lampes et autres menus objets bien connus des archéologues. Les trouvailles faites récemment aux abords de la fontaine Saint-Méen, au Pré-d’Auge, prouvent suffisamment qu’il y eut là, à l’époque gallo-romaine, des ateliers céramiques sur lesquels nous ne possédons aucun renseignement. Bien que l’inscription LISOVII, qu’on avait cru pouvoir lire sur un fragment de vase sigillé conservé au musée de Lisieux, doive être révoquée et remplacée par celle de Fronti. .., je reste convaincu que beaucoup de vases en terre dont ce musée possède de nombreux spécimens sont l’œuvre des potiers gallo-romains de Manerbe et du Pré-d’Auge. J’en reproduis ici quelques types (pl. i), me basant uniquement sur la matière dont ils sont formés, une terre blanche, rouge, sans aucune vitrification. Ce qui caractérise le progrès de l’art céramique, c’est le vernis, c’est l’émail. La glaçure vitreuse était complètement inconnue à l’origine. La matière reste la même : toujours l’argile, mais elle va se couvrir d’une vitrification transparente, d’un vernis, ou d’une vitrification blanche ou colorée, mais opaque, l’émail ; ou enfin d’un enduit vitrifiable terreux. L’apparition de la poterie vernissée en Europe date du XIIIe siècle et son invention est attribuée aux Arabes. Pendant le moyen âge, les fours de Manerbe et du Pré-d’Auge ne cessèrent de produire des carrelages historiés, du « pavé figuré », disent les textes, très employés dans les églises, les châteaux et les manoirs de bourgeois cossus. La céramique de cette époque ne nous est guère connue que par quelques rares spécimens de poteries conservées au musée du Vieux-Honfleur et deux fragments signalés par Pannier, se rapportant à des pièces de terre grisâtre portant des inscriptions gothiques. Il convient de ne pas se méprendre sur le sens des mots et d’adopter un mode de classification pour les enduits de toute nature employés sur les poteries. On parle couramment de glaçure, de lustre, de vernis, d’émail et de couverte, sans se rendre compte exactement de leur signification, qui ne se trouve pas toujours être en rapport avec les objets décrits. Le mot glaçure résume, d’une façon générale, toute espèce d’enduit vitrifiable communiquant aux pièces un brillant quelconque et les rendant imperméables aux liquides. Le lustre, c’est la glaçure la plus légère, comme celle qui existe sur la plupart des vases grecs et étrusques, ainsi que sur les poteries romaines. La glaçure vitrifiable à base de plomb, fusible à une température peu élevée, reste le vernis, le plomb étant en quelque sorte le fondant servant à fixer les couleurs. Enfin le mélange au plomb, soit de l’étain soit de toute autre matière rendant ce vernis vitreux opaque, constitue l’émail. Quant au mot couverte, il ne doit s’employer que pour un enduit vitrifiable terreux, se fondant à une haute température égale à celle de la pâte, comme cela a lieu pour les porcelaines dures et quelques grès. L’argile doit au feu des propriétés nouvelles, plus de consistance et de solidité, mais on n’aurait pu appliquer les poteries mates à beaucoup d’usages. Il fallait trouver le moyen de les rendre imperméables. La poterie reçut alors un enduit dont je viens de parler, mais dont la science moderne n’explique pas très clairement la nature ni le procédé d’application. On constate toutefois que cet enduit primitif valait bien nos glaçures plombeuses. La manipulation des substances vitrescibles, soit métalliques soit terreuses, aurait dû, ce semble, conduire très vite à l’application de l’émail sur la poterie, puisque l’émail n’est en réalité qu’un verre, tantôt transparent, tantôt opaque, que la fusion permet de répandre en couches minces sur les surfaces. L’archéologie égyptienne nous révèle des poteries couvertes d’un vernis ou d’un émail, et en Europe, nulle trace d’argile vernissée ou émaillée avant le XIe ou le XIIe siècle. La terre qui servait à fabriquer la poterie du Pré-d’Auge est une argile supérieure à la craie, très onctueuse, quelquefois micacée. Souvent elle se divise en deux parties : l’une supérieure, blanchâtre, grisâtre ou jaunâtre ; l’autre inférieure, verdâtre, un peu sableuse et moins onctueuse que la précédente, dont elle est quelquefois séparée par une couche de sable. Les nuances blanchâtres et verdâtres sont fréquemment marbrées de jaune et de rouge. On trouve presque constamment dans cette argile, principalement dans les parties basses, une multitude de silex pyromaques semblables à ceux qu’on exploite dans le diluvium de la craie pour l’entretien des routes, avec cette différence que leur surface est le plus souvent passée à l’état de cacholong et tend à se décomposer. L’argile du Pré-d’Auge est plastique, happant à la langue, se laissant polir par le frottement du doigt, se délayant facilement dans l’eau, et répandant par l’insufflation de l’haleine cette odeur particulière à toutes les roches qui contiennent de l’alumine en combinaison avec une certaine quantité d’oxyde de fer. Elle donne, avec l’acide nitrique, une effervescence faible et de peu de durée, due à une petite quantité de calcaire. Elle se ramollit à une haute température et prend une couleur rouge provenant de l’oxyde de fer qu’elle renferme. La grande plasticité de cette argile donne une grande facilité pour la fabrication ; mais, si on l’emploie seule, les pièces éprouvent, par la dessiccation, une déformation considérable ; aussi les potiers avaient-ils soin d’y ajouter une matière dégraissante, un sable siliceux qu’ils trouvaient près de Lisieux. Aux XVe et XVIe siècles apparaissent les épis de faîtage et les belles suites de Palissy qui marquent l’apogée de l’art de terre dans ce pays. Préciser exactement l’origine de ces établissements est chose à peu près impossible, aucun document écrit n’étant parvenu jusqu’à nous. La vicomté d’Auge, dont faisaient partie Manerbe et le Pré-d’Auge, fut un domaine engagé ; les archives du Calvados sont presque muettes sur ce point ; l’abbaye du Val-Richer, dont dépendait le Pré-d’Auge, a eu son cartulaire détruit en 1793 et les actes de l’état civil ne remontent qu’à 1628. Ce sont les anciens registres du tabellionnage qui m’ont fourni quelques noms de potiers, encore, le plus souvent, les actes sont muets sur leurs travaux. Il est possible que des ouvriers italiens soient venus s’installer dans nos contrées à la suite des expéditions par-delà les Alpes ; on peut encore admettre que des seigneurs normands aient rapporté de leurs pérégrinations quelques-unes de ces majoliques chatoyantes que les potiers de Manerbe et du Pré-d’Auge ont, à leur tour, imitées et reproduites. Je pencherais plutôt pour la première hypothèse, car l’influence italienne se manifeste, non seulement dans la céramique, mais encore dans le vitrail, surtout au XVIe siècle, témoin quelques bordures sur d’anciens vitraux de l’église de Manerbe. M. de Mély pense que, vers la fin du XIVe siècle, Jehan de Meulent, un des héritiers des Bacon à la seigneurie du Molay, ayant épousé Marguerite Servain, de Manerbe, trouvant dans les domaines de sa femme une terre propice à la fabrication de la majolique, y amena les ouvriers du Molay qui continuèrent ainsi, à peu de distance de leur ancien pays, la tradition de leurs ancêtres. Ce concours possible des ouvriers du Molay ne fit que renforcer l’industrie céramique existant déjà à Manerbe bien avant cette époque. La collaboration des potiers du Molay ne se manifeste pas à Manerbe d’une manière très apparente. M. de Farcy, qui a étudié tout spécialement les productions de l’atelier du Molay, les a rangées en trois catégories : les carreaux, les revêtis, les pierres tombales. Or, Manerbe n’a jamais fabriqué de revêtis et de dalles tumulaires. Les carreaux du Molay sont différents des nôtres, ce qui ne serait pas arrivé si, comme le croit M. de Mély, les ouvriers du Molay étaient venus s’installer à Manerbe où ils n’auraient pas manqué d’apporter leurs modèles et leurs procédés de fabrication La réputation de la céramique lexovienne, pour me servir d’une expression déjà ancienne, est constatée par des textes imprimés dès le début du XVIIe siècle. L’historien normand, Gabriel Dumoulin, qui écrivait dans la région même où se pratiquait cette industrie céramique, pouvait en apprécier la valeur artistique et l’importance commerciale, s’exprime ainsi dans l’Introduction de son Histoire de Normandie, publiée en 1631 : « On fait en Normandie des verres de toutes sortes en la forest de Lyons et près de Saint-Lô ; de la poterie en beaucoup de lieux, et à Manerbe, près Lysieux, des vaisselles de terre qui ne cèdent en beauté et artifice à celles qu’on nous apporte de Venise. » La géographie blavienne publiée par Blaeu, en 1663, reproduit à peu près le même témoignage : « La vaisselle de terre de Manerbe près Lysieux, qui se rapporte à celle de Venise pour son artifice et sa beauté. » Enfin, Du Val, La France sous le Roy Louis XIV : « A gauche de la Seine, je trouve Lisieux, qui donne son nom au Lieu vin, la plus délicieuse contrée de Normandie et où l’on fait de la vaisselle de terre plus belle qu’ailleurs. » Le XVIIIe siècle fut une époque de décadence ; les sujets sont beaucoup plus simples, la composition moins savante et l’exécution grossière sans pour cela être dépourvue d’un certain art. Le rôle des vingtièmes de la paroisse du Pré-d’Auge pour l’année 1777 contient à la fin une note curieuse sur l’activité de la commune, qui montre bien qu’à cette époque l’industrie céramique était tombée à un degré d’abaissement qui ne se releva jamais : « Les habitants n’ont d’autres occupations que celles de labourer les terres, d’élever quelques bestiaux et de travailler, la plus grande partie, à faire des pots de terre qui se vendent à Lisieux, Pont-1’Evêque, Honfleur, Le Havre, ainsi qu’aux paroisses voisines. » En 1879, MM. Tissot et Loutrel essayèrent de reconstituer une manufacture de céramique au Pré-d’Auge ; quelques essais furent faits mais le projet ne tarda pas à être abandonné. De nos jours encore, on peut dire que toute couche d’argile voit approcher un exploitant et bâtir un four. Les successeurs de Choraebe et de Talus peuplent aujourd’hui l’univers. La diffusion des beaux produits céramiques est un incontestable progrès. Il est manifeste qu’en Europe, en Asie occidentale, en Afrique et dans les deux Amériques, les modernes ont, en ce point, la supériorité sur les anciens. Des meubles de toutes les couleurs, de toutes les nuances, légers, commodes, élégants étalent leur émail dans les plus humbles demeures. Le buffet de l’homme des champs a des ustensiles, des coupes, des vases de terre et des ornements qu’auraient enviés Aristote et Vitellius et qui manquaient aux fameux salons de Lucullus. II. — Les potiers. Nous ne possédons aucune pièce de céramique signée avant le XVIIe siècle. Le nombre d’artisans travaillant à Manerbe et au Pré-d’Auge devait être assez élevé puisque, au début du XVIe siècle, on trouve, à Manerbe, la « rue des potiers » et, au Pré-d’Auge, le village de la poterie. Les archives du tabellionnage de Lisieux m’ont permis de retrouver quelques noms d’artisans ainsi qualifiés dans les actes : « du mestier de potier, thuillier, du mestier de thuyllerie ». La plus ancienne famille connue exerçant cette profession est la famille Coquerel, du Pré-d’Auge. En 1361, Robinet Coquerel vend à Robert Delamare son office de potier de l’évêque de Lisieux. Il n’y avait, nous apprend cette vente, qu’un seul potier sujet à fournir la poterie de l’évêque, moyennant quoi il jouissait d’un grand nombre de privilèges, entre autres celui de vendre seul de la poterie dans l’étendue de la ville et banlieue de Lisieux, excepté durant « la foire saint Ursin (11 juin) commençant la vigile de ladite fête à heure de Nones et tout le jour d’icelle à heure du soleil recoussant. » Un autre texte, du 27 avril 1418, extrait des archives du Calvados, fournit sur cet office d’intéressants détails : « Le potier de la ville et banlieue est tenu trouver pottrye à Monseigneur de Lisieux en son tinel (salle à manger) en la ville et banlieue et pour ce faire, doibt avoir es boys dudit evesque, hors le parc, chascun an, ung hestre à Nouel pour son chauffer. Item, ledit potier se doit comparoir devant ledit evesque en la grant église Saint-Pierre de Lisieux, à la grant messe, à chacune de ses festes, cest assavoir Pasques, Pentecouste, Saint Pierre, saint Paul et Nouel, avec les autres serviteurs dud. évesque, et à chacune d’icelles doibt avoir son digner au tinel dud. evesque ou XII deniers pour led. digner, en cas qu’il ne tienne tinel. Item, led. potyer doibt avoir chacun an dudit évesque, le dimence devant karesme prenant, le tiers d’une penne de lait. Item, il doit avoir au tinel, le jour Saint Martin d’iver, son digner ou un pot de vin. Item, il doibt moudre franchement es moulins dud. evesque et desguerner tout homme qui serait enguerné, excepté le bled dud. évesque, ses sergens et officiers. Item, il doibt estre franc aux foires et marchés dud. évesque en vendant et achetant. Item, il est paroissien de la grande église Saint-Pierre de Lisieux et, par les vicaires, doibt lui estre administré son sacrement au jour de Pasques et ses enfants baptisés ès fons de ladite église. Item de son mestier, nul ne peut ne ne doibt vendre icelles poteries de terre en nul temps, en la ville ne en banlieue, sinon lui, fors que à la foire sainct Ursin... Item, se ledit potier trouve ung cheval aportant pots de terre pour vendre à lad. ville, il le peut prendre comme forfaict. Item, quant l’évesque vient et il fait sa feste aud. lieu de Lisieux, ledit potier est tenu trouver toute la poterie de terre qui y esconvient et pour ce, doibt digner, lui et ses gens, à lad. feste, et la feste passée, tout le vin qui demeure en pots et panhiers, il le peut prendre et mectre à son proufict. » En cette même année 1418, Guillaume Coquerel était titulaire de cet office. Un potier de cette famille, du nom de Pierre, se rencontre en 1534. Un groupe d’artisans occupe une place importante dans les annales de la céramique lexovienne : les Bocage, du Pré-d’Auge. La première mention de cette famille remonte à 1499, lors du partage, 6 novembre, des biens de Colin Bocage entre ses deux filles, Guillemette, femme de Jehan Lefranc, et Robine, épouse de Jehan Le Viel, toutes deux demeurant à Lisieux. Ursin figure dans deux actes de 1507 et Pierre est cité plusieurs fois entre les années 1527-1546. En 1527, Colin fournit de la brique émaillée et du pavé figuré pour la maison « de nouveau édifiée » à la fabrique de la cathédrale de Lisieux. Jehan, « thuillier », est mentionné dans six transactions, 1534-1554. Girot, en 1541 et son fils Charles dans six actes, 1554-1556. Thomas, fils Colin, époux de Marguerite Brunet, apparaît en 1545 et, en 1562, vend « ung millier et demy de pavé figuré » pour paver devant le maître-autel de la cathédrale de Lisieux. Guillaume, fils Girot, David, Mathieu et Olivier nous sont révélés par des actes de 1522 à 1559. En 1557, Guillaume, fils Jean, assisté de son fils Jean, fait une fondation pieuse en l’église des dominicains de Lisieux : une messe basse, le mardi de chaque semaine, à huit heures du matin; il donne à cet effet une somme de cent cinquante livres tournois. Deux partages de biens de membres de cette famille, en 1571 et 1579, font mention de « la maison servant de astellier avec le four » sis au Pré-d’Auge près la route de Caen. En 1576, Jacques, fils Thomas, fournit du pavé figuré pour paver à la cathédrale de Lisieux « près la tombe de mons. de la Houblonnyère ». En 1628, le 24 mars, Robert Bocage s’engage vis-à-vis de Robert Firmat, couvreur à Lisieux, à lui fournir « six milliers de tuiles, cinq milliers de petites briques, deux cents faitiers et ung millier de petits pavés plombez et figurez ». La famille Bocage a travaillé au Pré-d’Auge jusqu’au XVIIIe siècle. Une autre famille, plus célèbre que la précédente, celle qui personnifie en quelque sorte l’art de terre dans notre région, est la famille Vattier, dont le premier connu. Robin, apparaît en 1501. Cette famille a donné son nom à un lieu-dit du Pré-d’Auge, le lieu Vattier, figurant encore aujourd’hui au cadastre de cette commune. Jehan, « du mestier de potier », figure dans des actes de 1516 à 1535. Loys, et Gervaise sa femme, de 1528 à 1562. Pierre, fils de Jean et de Jeanne Guéllart, est cité en 1540